Si je prends la mer
Avec mes frères de misère
Si je stagne dans le désert
A la sortie de l’enfer
C’est que je laisse derrière
C’est plus fort que la galère
L’Afrique ne cesse d’aller en arrière
Notre quotidien est fait de guerres et de prières
Vois-tu mon cher l’espoir nous indiffère
Et les oraisons sont pour ceux que l’on enterre
Du sida, du paludisme, du cholera et des autres
La mort rode et nous taraude
Quand je sens l’odeur fraîche du billet vert
Venue de la rive riche de la méditerranée
Comprends-moi mon cher j’ai la rage au cœur
Je veux aussi vivre au pays de Tony Blair
Jouir de ce qui se fait de meilleur
Avoir le luxe de la reine Elizabeth Première
Je veux incarner le rêve occidental
Violent, individualiste et brutal
Mais si loin de la chaleur de notre pauvreté
Bien vrai les souffrances de notre réalité,
J’ai attendu longtemps que le Renouveau
Me permette de caresser fièrement ma dulcinée de nouveau
Ici l’amour comme tout le reste est monétaire
Ici ce n’est pas la méritocratie
Pour plaire il faut être plutôt garni
Révérencieux et savoir se taire
Cela vaut pour aujourd’hui comme hier
Mais peut-on cracher dans la soupe qui nous nourrit
La flamme brûle depuis plus de vingt ans
En même temps que nos deniers publiques
La tyrannie s’est empirée de la République
Pourtant on ne cesse de vendre nos consciences aux plus offrants
Pour recevoir les miettes d’un immense gâchis
Et maintenant c’est l’ère des grandes ambitions
Je me réjouis de cette subite évolution
Qui sonne creux à mon oreille
Peut-on vraiment arrêter la politique de l’oseille
Il faut pas rêver ça restera pareil..
Ô Cameroun berceau de ma misère
Va debout et jaloux de ta pauvreté
Comme un soleil dans son éclipse
Regarde tes fils souiller ta dignité
Que tous tes enfants qui vont ailleurs
Quittant le sud pour le nord
N’oublient jamais la nation de leur cœur
Les couleurs de ce drapeau tricolore
Qui portent le souvenir des patriotes morts
Pour une patrie libre et fière
Qu’est-ce donc l’unité nationale
Quand l’intérêt tribal prône sur l’intérêt général
Pourquoi le culte de la personnalité
Occulte t-il l’exigence de vérité
Où est alors le devoir de justice
Quand la jeunesse est au supplice
Lorsque le peuple meurt de faim
Et que l’élite ne lui tend pas la main,
Je ne suis pas un banlieusard
Mais je n’ai pas eu besoin de manger du tapioca
Pour ouvrir douloureusement les yeux
Et voir la détresse dans ces lieux
Alors une question me vient à l’esprit
Comment avons-nous pu finir si bas
Comment avons-nous permit cela
Sommes-nous vraiment maudits
Maudits d’avoir des dirigeants si étourdis,
Face à cette mer déchaînée
Mon avenir est au-delà de ces meurs aux fils de fer barbelés
Qu’importe la fermeture des frontières
Et des idéologies isolationalistes
Qui satisfont les extrémistes
J’irai moi aussi tenter ma chance au pays de Molière,
Oui mon cher nous sommes des PPTE
Des Personnes Pauvres et Très Endettées
Nombreux sont ceux qui ont vendu leur âme
Pour un petit bol de riz
Et prostituent nos dames
Pour se faire du fric
Crois-moi mon cher quand tu n’as rien dans ton plat
Ta préoccupation ce n’est pas le sida
Ni la malaria, c’est de te remplir la panse
Et noyer dans la boisson et la danse
Les soucis que personne ne résoudra..
Ludewic Mac Kwin De Davy