O mon ami, ou te trouves-tu ?
Mon cœur pleure, transpire des larmes,
Des larmes que ton sourire seul peut effacer.
Dans ton absence je m’en sers comme une arme
Pour me défendre contre ma grande peine.
Océan de larmes dans lequel baigne mon âme,
Ou tous les soirs le navire de ton souvenir amarre.
Mer de larmes dont les vagues, douces et calmes
S’abattent sur la rive déserte de mon cœur troublé.
Fleuve de larmes avec son rapide courant qui
Emporte les images noircies de mes journées sans toi.
Lac de larmes dans lequel mon souvenir
Dort dans l’attente de ton probable retour.
Ami, pourquoi me fais-tu tant de peine et tant de douleur ?
Ne vois-tu pas l’amour de mon amitié sincère courir sur mes joues claires ?
Ne te rappelles-tu plus nos inoubliables moments à Séa Yoro,
Notre chaleureuse école primaire ou tous les deux
Nous faisions des blagues sottes et idiotes d’enfants heureux ?
Nous avions juré seulement du regard ne jamais nous quitter.
Pourquoi me trahis-tu en marquant mon cœur de cette entaille
De cette entaille ouverte par le glaive de ta chaleur lointaine,
Que seule la tiédeur de ta main amicalement douce
Peut refermer par le philtre d’amour enivrant qu’elle renferme.
Entends ma voix qui pleure dans le désert de tes rêves évanouis !
Viens et agrée la victime que je suis
Victime qui brûle sur l’autel de ton cœur
Et dont répands l’exhalaison dans le calice de tes yeux à jamais fermés.
Ouvre ton âme et vois mon état, pis que la souffrance.
Je suis sans vie, ami, je veux te rejoindre dans la mort.
Reviens t’incliner devant ma face humide du torrent de mes pleurs
Qui n’arrêtent de couler depuis ton voyage sans retour.
On m’a dit que tu reposes désormais chez William,
Dans cette ville lugubre ; je n’ai pas vu ton cercueil
Mais sache que sur ta tombe chaque jour je me recueille.
Ami je suis las de te fatiguer. Dors… dans la paix.
Je ne te reverrai plus ici, mais je te rejoindrai là-bas.Je t’aime.